la science
- simon richefort
- 22 sept. 2024
- 3 min de lecture
On a tendance à considérer la science comme quelque chose de très précis, où si l’on ne réalise pas d’expériences randomisées en double aveugle, rien n’a de valeur. On imagine souvent les scientifiques comme des êtres froids en blouse blanche.
Mais si l’on se souvient des idées à l’origine de la relativité générale, Einstein a eu l’idée d’un cheval chevauchant un rayon de lumière. En physique quantique, l’expérience du chat de Schrödinger est elle aussi des plus farfelues. Pourtant, même si l’idée de départ, l’expérience de pensée, semble bizarre, elle est cruciale.
L’idée, l’hypothèse de départ, doit être novatrice, et pour cela notre cerveau est un merveilleux outil créateur. Einstein expliquait d'ailleurs qu’il avait rêvé qu’en chute libre, nous ne sentons pas notre propre poids – rêve qui lui a ensuite permis d’établir certaines lois de la gravité.
Cependant, une fois que cette idée initiale, sortie tout droit de notre tête, donne naissance à une hypothèse, il devient très important de la vérifier. Pour cela, on doit faire des observations. En médecine, on parlera de cas cliniques. Pour une même hypothèse, on pourrait observer plusieurs cas cliniques similaires. On pourrait alors constater une tendance, avec des résultats qui semblent aller dans la direction de notre hypothèse. Mais c’est ici qu’il faut être le plus vigilant.
Pour cela, remontons dans le passé. Pendant près de 2 000 ans, la médecine a utilisé la saignée. On pensait que faire couler le sang du patient permettrait à la maladie de s’en aller aussi.
Cela semblait plutôt bien fonctionner : le patient arrivait avec un rhume chez le médecin, qui pratiquait une saignée. Cinq à sept jours plus tard, le patient allait mieux. Si ça ne marchait pas, on pratiquait une autre saignée, ailleurs. Parfois, ça finissait par fonctionner, et parfois le patient décédait. Mais on disait alors qu’on ne pouvait pas sauver tout le monde.
Cette pratique a perduré très longtemps et, dans certains cas, elle semblait fonctionner. Les expériences de certains bénéficiaient à d’autres (les médecins avaient même établi des cartes de zones du corps à saigner selon les symptômes des patients).
Puis, plus tard, nous avons découvert le système immunitaire. Mais pendant près de 2 000 ans, la pratique empirique des saignées s’est poursuivie car nous ne connaissions pas encore la méthode scientifique.
Il faut être extrêmement vigilant avec les connaissances acquises de manière intuitive. Notre cerveau a tendance à accepter les informations qui lui semblent cohérentes et à refuser celles qui ne le sont pas. Imagine les biais énormes que cela représente. Nous en reparlerons, mais en attendant, je te laisse un lien pour compléter cette réflexion (https://youtu.be/sBpBVtzlBw4?si=ZwJu7V2sogA7tS7m).
Ce qui m’amène à un point très important, la recherche médicale. C’est ici que l’on peut prouver si notre hypothèse de départ et les observations que nous avons faites ont une valeur scientifique ou s’il s’agit de phénomènes isolés ou d’effets placebo.
L’intérêt de la recherche est de comparer une technique, un médicament, avec un placebo ou un autre traitement ayant montré une efficacité, afin de vérifier si notre technique apporte une réelle plus-value en médecine.
Les résultats de l’étude montreront une différence plus ou moins significative entre notre traitement et le placebo (ou le traitement de comparaison). Cette différence nous indiquera si notre traitement est réellement bénéfique (et significatif).
C’est grâce aux résultats de la comparaison entre notre expérience et une autre, déjà utilisée ou ayant montré une efficacité, que nous pouvons acquérir des connaissances.
Mais comme il est extrêmement compliqué pour un individu d’appliquer ces procédés dans sa vie quotidienne, il est très important de se confronter aux autres, surtout à ceux qui pensent différemment de nous. Car c’est dans les différences d’opinion que se trouve la richesse. Plus il y a de diversité dans les avis, plus nous rencontrons des perspectives en opposition avec notre façon de penser. C’est cette remise en question permanente qui permet de changer d’avis.
"Qu’est-ce que réfléchir, si ce n’est une façon élégante de changer d’avis ?"
Nous avons souvent tort de croire que les autres se trompent et de ne faire confiance qu’à nous-mêmes, car nos croyances sont trop biaisées.
Doutons de nous-mêmes et faisons confiance aux autres, plutôt que de douter des autres et de nous faire aveuglément confiance.
cf : les vidéo d'Albert Moukheiber (dispo sur youtube)

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