Hygiène et posture du dos

Depuis 30 ans, les formations sur les « gestes et postures » sont largement diffusées dans les entreprises. Elles ont véhiculé des messages devenus presque dogmatiques, répétés sans remise en question :

« Gardez le dos droit »,

« Pliez les genoux pour soulever »,

« Ne vous penchez jamais en avant ».

Ces recommandations partaient d’une intention préventive, mais reposaient sur une vision très réductrice du corps humain, centrée sur la mécanique articulaire, en supposant qu’il suffirait d’adopter la “bonne posture” pour éviter les douleurs.

Dans les faits, ces messages se sont avérés non seulement inefficaces, mais aussi culpabilisants :

👉 Si un salarié souffrait du dos, on lui renvoyait l’idée que c’était parce qu’il n’avait pas bien appliqué la consigne,

👉 et non parce qu’on lui demandait, par exemple, de soulever une charge cumulée de 8 tonnes dans la journée, sans aide technique, sans pause, ni prise en compte du contexte global.

Ce glissement de la prévention vers la responsabilisation individuelle excessive a entretenu un discours implicite : “Si tu as mal, c’est parce que tu t’y es mal pris.”

Or, les données épidémiologiques montrent que malgré des décennies de formations de ce type, le nombre de lombalgies et de TMS lombaires n’a cessé d’augmenter.

🔍 Ce que dit aujourd’hui la littérature scientifique

Les recherches récentes sont sans équivoque :

• Aucune posture n’est en soi “mauvaise” ou “dangereuse”.

• Le dos peut se pencher, fléchir, porter, se charger — il est fait pour cela

• Les vrais facteurs de risque sont : le manque de mouvement, le manque de force maximal, l’exposition prolongée à la contrainte, la fatigue, l’organisation du travail, ou encore la répétition gestuelle.

Sortez d’une vision rigide et culpabilisante du “bon geste”, et adopter une vision fondée sur la variabilité, la préparation physique, la tolérance au mouvement et l’aménagement des charges de travail.

Déconstruisez les idées reçues, redonner du sens au mouvement et adaptez vous à vos réalités professionnelles (quand cela est possible).

le bon geste n’est pas unique, il est contextuel.